Jatropha curcas, appelé pignon d’Inde sur l’ile de la Réunion ou pourghère en Afrique francophone est un arbuste de la famille des Euphorbiaceae originaire du Brésil.
Cette plante a été introduite au 16ème siècle dans les régions tropicales et subtropicales et est à présent dites pantropicale (Amérique, Asie, Afrique, Pacifique, Australie). Dans ces régions, le Jatropha curcas se développe dans les zones fortement perturbées par l’homme comme les chantiers, friches, etc. Grâce à ses racines profondes et son tronc à caudex (renflement à la base du tronc) qui constitue un réservoir d’eau, cet arbuste peut résister à des périodes de sécheresse prolongée.
Haut de 2 à 5 m, le Jatropha curcas possède des fleurs jaune-verdâtre qui fleurissent une grande partie de l’année dans les DROM. Ses fruits sont verts puis noirâtres à maturité.
Le pignon d’Inde a une double toxicité , à la fois en cas de contact via sa sève qui contient du latex, comme la plupart des Euphorbiaceae et en cas d’ingestion de ses graines.
Le latex est produit par l’arbre en situation de stress (notamment hydrique, mais aussi en cas de blessure ou de taille trop sévère de la plante) et contient de la curcine. Les symptômes en cas de contact avec cette substance sont une irritation cutanée atteintes oculaires.
Ses graines contiennent des esters de phorbol qui peuvent être responsables de troubles digestifs sévères après ingestion : douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhées. Dans les formes d’intoxications sévères, ces symptômes peuvent engendrer une déshydratation pouvant nécessiter une hydratation intraveineuse. Une consommation de 15 à 20 graines peut entrainer le décès.
Fonctionnement de la curcine :
La curcine (ou curcasine) est une toxalbumine très toxique proche de la ricine. Elle bloque l’activité de synthèse ribonucléique, c’est-à-dire qu’elle cause une destruction partielle des codons messagers de l’ARN, ce qui conduit au blocage complet de l’activité de la cellule puis à sa mort rapide. Cette propriété est utilisée en médecine comme agent antitumoral.
Fonctionnement de l’ester de phorbol :
Les graines sont toxiques à cause de la présence de composés liposolubles : des diterpènes tétracycliques de type esters de phorbol. Ils agissent de manière préférentielle sur les membranes biologiques. Ils s’intercalent dans la membrane cellulaire par le biais de récepteurs dont l’occupation active la protéine kinase C. Cette protéine, présente dans tous les tissus (des mammifères aux insectes) et en concentration importante dans les tissus neuronaux, joue un rôle essentiel dans la régulation la croissance et la différenciation cellulaire. Le dérèglement de l’activation de cette protéine se traduit principalement par une inflammation ou une apparition de cellules tumorales. D’où l’effet purgatif intense (inflammation intense du tube digestif) provoqué lors de l’ingestion de graine.
Info en + :
Le Sénégal ainsi que d’autres pays de la sous-région ouest-africaine ont opté pour la culture de Jatropha curcas et ce malgré sa toxicité. Le système Jatropha est une approche de développement rural intégré. En plantant des haies vives de jatropha pour protéger les champs contre les vents et les animaux errants herbivores, on obtient des fruits. Par pressage des graines, on extrait de l’huile qui pourra être utilisée pour la production de savon, pour l’éclairage et la cuisine et comme combustible dans des moteurs diesel. Ainsi, ce système couvre 4 principaux aspects du développement rural.
Un grand merci à notre relecteur Adrien Maillot, épidémiologiste, responsable du Dispositif Toxicovigilance Océan Indien.
Sources :
DIA, A. et al. (2012) La Grande Muraille Verte : Capitalisation des recherches et valorisation des savoirs locaux.
QIN W. et al. (2005) Expression of a ribosome inactivating protein (curcin 2) in Jatropha curcas is induced by stress
Fort intéressant. Fort bien explique et documenté.,.,
Mériterait d’être enseigné à l’école primaire, pour informer parents, enfants, promeneurs, toute tersonne appréciant les plantes…